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Société anonyme de Construction de Tubize [1863-1864]

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En 1863, la Société en commandite J. Morel & Cie, qui avait déjà pris l’habitude de s’intituler Société de Construction de Tubize, fait place à une société anonyme, fondée le 16 mars 1863.

Cette société ne produira que très peu de locomotives. C’est aussi à cette époque que s’achève la construction du grand hall de montage des locomotives.

Il est fort possible qu’un changement de politique de l’entreprise soit à l’origine de ce changement de raison sociale.  En plus des activités de construction métallurgique qu’elle entendait bien poursuivre, la société souhaitait désormais se lancer aussi dans la construction et l’exploitation de chemins de fer.  Le passage de la société en commandite vers une société anonyme s’avérait sans doute indispensable.

On note d’ailleurs une réelle continuité dans les instances de décisions de la société précédente et la nouvelle société anonyme. Julien Morel se retrouve administrateur de la nouvelle société et le principal apport qui lui est fait était l’avoir de la Société en commandite J. Morel & Cie.

Suivant ses statuts, la Société de Construction de Tubize avait pour objet :

  • « la construction de machines locomotives et de tout matériel ainsi que l’entreprise et l’exécution de tous travaux pour chemin de fer (…);
  • la construction de ponts et de tous ouvrages d’art, dans lesquels le fer, la fonte ou d’autres métaux entrent comme matière principale;
  • la construction de machines à vapeur, engins, outils, appareils et mécaniques en général;
  • la construction ou l’exécution de tous traités d’entretien de matériel ou de la voie, de traction et d’exploitation de chemins de fer;
  • la vente au comptant, à terme ou contre annuité et la location de tous objets et travaux de nature ci-dessus indiquée ».

Il est explicitement prévu que la société puisse établir des succursales dans le pays ou à l’étranger, les céder ou les apporter dans d’autres sociétés; fusionner avec d’autres établissements ou s’y intéresser.
Son siège était fixé à Tubize. Elle devenait active à dater de l’AR approuvant ses statuts, donc à partir du 06/04/1863.
Le capital de la société était fixé à 2.000.000 de francs, représentés par 4.000 actions de 500 francs, dont 1.200 souscrites immédiatement.
La société en commandite J. Morel et Cie apportait dans la nouvelle société anonyme :

  • Un terrain mesurant une superficie d’1 hectare 21 ares 1 centiare, situé à Tubize;
  • Les ateliers de construction, forges, fonderie, situés à Tubize, construites sur le terrain mentionné et qui comprenaient :
    • un grand bâtiment servant d’atelier d’ajustage et de montage avec nefs latérales servant d’atelier pour tourneurs et raboteurs;
    • deux annexes à ce bâtiment, servant, l’un de bureau de dessin, l’autre d’atelier de modeleurs;
    • un grand bâtiment ou halle à usage des forges et marteau pilon;
    • un grand bâtiment (à ce moment là encore en construction) servant d’atelier spécial pour le montage et la peinture des locomotives;
    • un bâtiment comprenant un magasin à fers, une fenderie de cuivre, un atelier pour la trempe des aciers et un gazomètre;
    • une halle servant d’atelier de chaudronnerie;
    • une maison d’habitation occupée par le comptable avec annexes pour logis de concierge;
    • une voie de chemin de fer de raccordement allant du grand atelier jusqu’à la gare de Tubize.
  • L’outillage fixe et volant des machines à vapeur, tous les objets mobiles quelconques se trouvant dans les ateliers, magasins ou bureaux et partout où ils pourraient se trouver, tous les plans, dessins et modèles destinés aux travaux de la société. Ce matériel était détaillé dans un inventaire dressé le 16/04 et reproduit par le Moniteur du 23/04/1863, à la suite des statuts.
  • La clientèle de la société en commandite, les commandes en voie d’exécution.

Cet apport était payé en actions de la nouvelle Société. Les matériaux en magasin et ouvrages en cours d’exécution étaient repris à la société J. Morel et Cie, aux prix coûtant.
Les actionnaires, pour les 1.200 actions souscrites, étaient :

  • Jules Dujardin, banquier, demeurant et domicilié à Bruges;
  • le baron Charles Snoy, membre de la Chambre des représentants, propriétaire, domicilié à Braine-le-Château;
  • Louis-François-Joseph Grenon, directeur au Ministère des Travaux Publics, propriétaire, domicilié à Saint-Josse-ten-Noode;
  • Julien Morel, industriel, domicilié à Tubize;
  • Auguste Dumon, ancien Ministre des Travaux Publics, domicilié à Tournai, résidant à Bruxelles;
  • Gustave De Muelenaere, membre de la Chambre des représentants, domicilié à Pitthem;
  • Charles Hennequin comte de Villermont, propriétaire, domicilié à Couvin;
  • Prosper-Nicolas Trumper, banquier, domicilié à Bruxelles;
  • le chevalier Félix Van Troyen, propriétaire, domicilié à Boulogne-sur-Mer, résidant à Saint-Josse-ten-Noode.

La société était administrée par un CA de 7 membres dont un Président et un Administrateur-délégué. Elle était aussi surveillée par 6 commissaires et pouvait avoir un Directeur.

Le premier CA était composé de :

  • Auguste Dumon
  • Jules Dujardin
  • le baron Charles Snoy
  • Charles, comte de Villermont
  • Gustave De Muelenaere
  • Prosper-Nicolas Trumper
  • Julien Morel

Les commissaires étaient :

  • Ed. Mercier, ministre d’Etat, membre de la Chambre des Représentants, domicilié à Bruxelles;
  • le comte Léon de Robiano, propriétaire et bourgmestre de Braine-le-Château;
  • le comte Charles de Liedekerque, propriétaire à Bruxelles;
  • le chevalier Félix Van Troyen;
  • Louis-François-Joseph Grenon;
  • le lieutenant-colonel Antoine Outies, domicilié à Saint-Josse-ten-Noode.

La grande nouveauté par rapport à la Société J. Morel & Cie, est très certainement la construction et l’exploitation de CF. C’est pourquoi la SA était parfois dénommée la Cie de Tubize.

La Société de Construction de Tubize disposait de conventions verbales d’exploitation et de construction faites avec les Compagnies de CF suivantes :

  • Cie des CF de la Flandre Occidentale (FO) pour l’exploitation de ses lignes, ainsi que pour la construction et l’exploitation des lignes de Roulers à Ypres et de Poperinghe à Hazebrouck. [Convention 12/05/1864, AR 26/08/1864, MB 30/08/1864]
  • Cie des CF de l’Ouest de la Belgique (OB), pour la construction et l’exploitation des lignes de Courtrai à Denderleeuw et de Grammont à Nieuport. [AR 16/07/1864, MB 23/07/1864]
  • avec les concessionnaires du CF de Thielt à Lichtervelde, Furnes à Dunkerque et éventuellement de Dunkerque à Calais
  • Cie des CF de Tamines à Landen (TL), pour l’exploitation des lignes de Tamines à Landen et de Namur à Tirlemont
  • Avec les concessionnaires de la ligne de Tirlemont à Diest, pour l’exploitation de ladite ligne de Tirlemont à Diest, avec prolongements éventuels jusqu’à Berverloo.

Toutes ces conventions furent apportées à la SE au moment de la constitution de cette dernière société.

Le CF de la Flandre Occidentale (FO)

Sections :

  • Bruges – Deynze (121 km)
  • Roulers – Ypres (22 km), concession obtenue en 1864
  • Poperinghe – Hazebrouck (20 km), concession obtenue en 1864

C’est en 1845 que concession fut faite pour la construction des CF de Bruges à Courtrai, Ypres et Poperinghe, avec embranchements sur Thielt et Dixmude, et de Thielt sur Aeltre ou Deynze. [Convention du 19/05/1845, AR 21/05/1845, MB 22/05/1855].
Pour l’exploiter une société anonyme aux capitaux anglais fut constituée [AR 04/06/1845, MB 07/06/1845] sous la dénomination de Chemins de Fer de la Flandre Occidentale. Ce n’est que le 31/12/1855 que ce réseau fut enfin livré à l’exploitation sur toute sa longueur. S’y ajouta, en 1864, deux nouvelles concessions.
La Société anonyme des Chemins de Fer de la Flandre Occidentale exploita son réseau de 1845 à 1864.

Elle céda ensuite l’exploitation de tout son réseau, y compris les deux dernières concessions qu’elle venait d’obtenir, à la Société de Construction de Tubize [Convention 12/05/1864, AR 26/08/1864, MB 30/08/1864]. Cette décision fut ratifiée le 10/06 par le conseil général de la Cie de Tubize et approuvée par l’AG extraordinaire du 28/07/1864 de la SA des CF de la Flandre Occidentale. Les conditions de payement étaient les suivantes : à partir de 1865, une annuité de 800.000 fr. pendant 3 années; 825.000 fr. la 4e; 850.000 fr. les 5e et 6e, et enfin 900.000 fr. les années suivantes.

Par convention du 12/05/1864, la Société des CF de la FO donnait bail à la Société de Constructions de Tubize :

  • le CF Bruges-Courtrai
  • le CF de fer Courtrai-Poperinghe
  • le CF Ingelmunster à Thielt et Deinze
  • les CF Roulers à Ypres et Poperinghe, à la frontière de France vers Hazebrouck, concédés à la FO et dont la construction est entreprise par la Sté de Tubize

L’entrée en jouissance de ces CF par la Sté de Tubize devait prendre cours au 01/01/1865.
La Sté de Tubize devait construire, à la décharge de la FO, les lignes Roulers-Ypres et Poperinghe-Hazebrouck.

Cette cession donna lieu à un inventaire au 31/12/1864. Au total, ce furent 19 machines à vapeur qui ont été cédées à la Société de Constructions de Tubize. Il n’y avait pas encore de locomotives Tubize.

La Société anonyme de Construction de Tubize fut absorbée par la Société anonyme d’Exploitation de Chemins de Fer (SE) fin de l’année 1864. Aussi, la FO passa-t-elle une convention verbale avec la SE [AR, 14/11/1864, MB 18/11/1864] par laquelle elle donna à bail l’exploitation des ses lignes à la SE, chargée en outre de la construction et de l’exploitation des lignes de Roulers à Ypres et de Popreinghe à Hazebrouck.

Bibliographie : A. DAGANT, Les locomotives en service sur le réseau de la Flandre Occidentale (1845-1906), dans Mémoires de la Société d’Histoire de Comines-Warneton, t. 10, 1980, pp. 315-360.

Chemins de Fer de l’Ouest de la Belgique (OB)

Lignes :

  • Courtrai à Denderleeuw (61 km)
  • Grammont à Nieuport (78 km)

Le CF de Courtrai à Denderleeuw et de Grammont à Nieuport fut concédé en 1863. [Convention 28/02/1863, AR 01/12/1863, MB 12/12/1863]. Pour l’exploiter, la société anonyme des Chemins de fer de l’Ouest de la Belgique est fondée le 29/06/1864 [AR 16/07/1864, MB 23/07/1864].
Cette société avait pour objet d’établir et exploiter ou de faire exploiter des chemins de fer dans l’Ouest de la Belgique et en France, et en premier lieu ceux de Courtrai à Denderleeuw et de Grammont à Nieuport. Elle pouvait construire, exploiter d’autres lignes ou embranchements de chemins de fer, ou y prendre un intérêt tant en Belgique qu’en France, en faire apport à une société ou en céder, en tout ou en partie, la propriété ou l’exploitation.
J. Neelans, le concessionnaire, fit apport de l’obligation contractée par la Société de Construction de Tubize d’exploiter les lignes de Courtrai à Denderleeuw et de Grammont à Nieuport.

Il n’est pas étonnant de voir la Cie de Tubize prendre part à l’exploitation de ce CF. Plusieurs administrateurs étaient communs aux deux sociétés, tels J. Dujardin, G. De Muelenaere et l’on retrouvait aussi au CA de l’OB le fondateur des Ateliers de Tubize, J.-E. Zaman.

Les lignes de L’OB, avec celles du réseau de la FO, formeront la voie de communication la plus directe entre Bruxelles, les parties centrales et méridionales de la Flandre et les port de Nieuport, de Dunkerque et de Calais.

Le CF de Tamines à Landen (TL)

Sections :
Tamines-Landen (61 km)
Namur-Tirlemont (42 km)

La construction du CF de Tamines à Landen fut concédée en 1862 [Convention 11/07/1862, AR 01/10/1862, MB 30/08/1862].

Pour l’exploiter, la société anonyme du Chemin de Fer de Tamines à Landen est fondée le 10/10/1862. [AR 26/10/1862, MB 30/10/1862] La société avait la faculté d’acquérir et d’exploiter d’autres lignes, d’en céder en tout ou en partie l’exploitation, ou d’en faire apport dans une société nouvelle.
L’embranchement du CF de Tamines à Lander au CF de l’Etat à Tirlemont lui est concédé en 1862. [Convention 11/07/1862, AR 28/10/1862, MB 30/10/1862]. L’année suivante, c’est le CF de Namur vers Geest-Gérompont qui lui et concédé [Convention 31/10/1863, AR, 12/11/1863, MB 17/11/863].

On notera que son administrateur-délégué était, à un moment donné, J. Zaman.

Il semble que l’exploitation de ce CF fut confiée à la Société de Constructions de Tubize, puis, en vertu d’un traité de 1864, celle-ci passa à la SE.

Chemin de Fer de Tirlemont à Diest (TD)

Sections :

  • Tirlemont-Diest (25 km)
  • Diest-Beverloo (35 km)

Le CF de Tirlemont à Diest a été concédé en 1864. [Convention 09/02/1864, AR, 15/02/1864, MB 17/02/1864] Pour ce faire, en 1865, fut fondée la société anonyme du Chemin de Fer de Tirlemont à Diest, avec ses extensions. [Acte 19/05/1865, AR 07/06/1865, MB 13/16/1865]

Parmi les administrateurs, on retrouve, une fois de plus, le sénateur Zaman.

Chemin de Fer de Gand à Dunkerque (GD)

Sections :

  • Thielt à Lichtervelde (15 km)
  • Furnes à Dunkerque (22 km)

C’est en 1863 que concession est faite pour le Chemin de Fer de Furnes à la frontière de France [Convention 11/03/1863, AR 12/03/1863, MB 19/03/1863] et en 1864 pour le Chemin de Fer de Thielt à Lichtervelde [Convention 10/08/1864, AR 22/08/1864, MB 22/08/1864].
Pour le construire, on fonde, en 1864, la société anonyme Chemin de Fer de Gand à Dunkerque (section de Thielt à Lichtervelde et de Furnes à Dunkerque). [Acte 31/10/1864, AR 21/11/1864, MB 26/11/1864] Cette société est dissoute rapidement, sans avoir exercé la moindre activité.
En 1869, le concessionnaire, Mr Hamond, cède sa concession à la Cie de Bruges à Blankenberghe [Acte 27/12/1869, AR 10/03/1870]. Le banquier Petyt entreprend alors la construction de la ligne Furnes-Dunkerque à ses frais. Il apporte ensuite l’actif et le passif de son entreprise à une Société constituée à Paris le 20/11/1869.

Par une convention du 24/08/1864, la Société de Constructions de Tubize s’était engagée à exploiter et à entretenir ces lignes. Le 28/11/1869, la Société parisienne passe un traité d’exploitation avec la SGE, laquelle s’engage à exploiter la ligne à ses risques et périls en se chargeant de l’entretien ordinaire et extraordinaire et en fournissant tout le matériel d’exploitation. Cette formule était déjà d’application pour le Furnes-Lichtervelde.

La ligne longue de 24,6 km (16,25 km en France et 8,35 km en Belgique) est ouverte au trafic le 05/02/1870.

Documents associés :

STATUTS

© Luc DELPORTE – 24/11/2019

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